Moscou, 21 mai - Un peu plus d'un semestre après son retour au pouvoir, le président des États-Unis, Donald Trump, tient en haleine plusieurs pays d'Amérique latine. Cette fois, c'est à cause d'un projet de loi présenté la semaine dernière par le parti républicain au pouvoir à la Chambre des représentants.
L'initiative imposerait une taxe de 5 % sur les envois de fonds à l'étranger par des non-citoyens, qui s'ajouterait à une taxe existante de 5 % à 10 % sur les transferts effectués par Western Union et MoneyGram International, les services les plus utilisés par les migrants, a rapporté Bloomberg mardi.
Ces transferts représentent, par exemple, environ 21 % du produit intérieur brut (PIB) du Salvador, qui, malgré son accord avec les États-Unis pour accueillir les criminels présumés, pourrait devenir l'un des pays les plus touchés par ce projet de loi.
Nos ocupa la reciente propuesta de imponer un impuesto del 5% a las remesas de nuestros connacionales en Estados Unidos. Lejos de ser un lujo, representan el fruto del trabajo honesto. Por ello, desde la CONAGO nos pronunciamos en defensa de la dignidad y del esfuerzo que… pic.twitter.com/b28RQk6qQJ
— Alfredo Ramírez Bedolla (@ARBedolla) May 20, 2025
Le Honduras, qui a servi d'intermédiaire pour l'expulsion des migrants, subirait également une baisse de 21 % de son PIB. Au Guatemala, autre pays où les envois de fonds représentent une source cruciale de revenus pour l'économie, ils s'élèveraient à 17 %.
Plus loin dans la liste de Bloomberg, basée sur les données de la Banque mondiale, se trouvent la République dominicaine (7 %) et le Mexique (4 %). La semaine dernière, la Banque centrale de l'île des Caraïbes a d'ailleurs reconnu que ces ressources « sont importantes pour le développement, car elles génèrent un effet multiplicateur sur la consommation, l'investissement et le financement des secteurs les plus vulnérables ».
Comme à d'autres occasions, les actions économiques de Trump ont un effet particulier sur le Mexique, qui est non seulement son voisin, mais aussi son principal partenaire commercial. Plusieurs autorités font déjà pression pour empêcher l'approbation du plan.
Ce mardi, l'ambassadeur du Mexique aux États-Unis, Esteban Moctezuma Barragán, a rencontré le sous-secrétaire d'État, Christopher Landau, pour lui rappeler que les envois de fonds « ne sont pas des transferts onéreux ou de luxe, mais vont directement aux dépenses de base des familles à faible revenu ».
« J'ai exprimé notre inquiétude quant aux effets que la taxe sur les transferts de fonds qu'ils envoient à leurs familles aurait sur les travailleurs mexicains et leurs employeurs », a ajouté M. Moctezuma au X.
Diverses études montrent que ces dernières années, les envois de fonds ont également joué un rôle important dans le PIB de l'Amérique du Sud, avec 4,6 % pour l'Équateur, 2,8 % pour la Colombie et 1,7 % pour le Pérou.
En février dernier, alors que Trump n'était en fonction que depuis quelques semaines, la Corporation financière colombienne (Corficolombiana) a déclaré que 53 % des envois de fonds qui entreraient dans le pays en 2024 proviendraient des États-Unis, atteignant des sommets historiques. (Texte et photo: RT)