La Havane, 9 mai - Les manifestations de solidarité qui ont eu lieu à Cuba durant cette période ont incité le poète chilien Pablo Neruda à affirmer que notre peuple était le plus antifasciste d'Amérique.
Enrique Vilar et Aldo Vivó, deux jeunes Cubains qui se trouvaient en territoire soviétique au moment de l'agression nazie et sont tombés au combat dans les rangs de l'Armée rouge, ont reçu l'Ordre de la Grande Guerre patriotique à titre posthume du Soviet suprême de l'URSS. Pour leur geste internationaliste, l'État cubain leur a conféré l'Ordre d'Ernesto Che Guevara au premier degré.
Outre ces deux héros, d'autres Cubains ont rejoint les forces alliées pour mener cette bataille décisive pour l'humanité.
En raison de l'existence d'une loi à Cuba qui empêchait les Cubains d'être envoyés à la guerre, les travailleurs et le peuple ont fait pression pour la création d'un service militaire obligatoire, qui n'a pas vu le jour, mais un service militaire volontaire a été institué, auquel des milliers de jeunes hommes se sont inscrits.
Enrique Vilar
La lutte contre le fascisme a également coûté la vie à des travailleurs cubains, comme les marins des navires Manzanillo, Santiago de Cuba, Mambí et Libertad, coulés par des sous-marins allemands.
Les manifestations de solidarité qui ont eu lieu à Cuba durant cette période ont incité le poète chilien Pablo Neruda à dire que notre peuple était le plus antifasciste d'Amérique.
L'attitude des fils et des filles des Grandes Antilles méritait amplement cette appréciation. Le Parti communiste, la Confédération des travailleurs cubains et d'autres forces progressistes ont encouragé la création d'un Front national antifasciste dont l'une des missions était d'organiser une collecte de fonds et de fournitures destinées à l'Union soviétique.
Un slogan mobilisait les masses laborieuses : « Un million de cigares et 40 000 sacs de sucre pour le front ».
Trois secteurs se distinguent dans cette grande campagne de solidarité : les travailleurs du tabac ont accepté que le premier tabac fabriqué ce jour-là soit envoyé à l'Union soviétique ; les travailleurs du sucre ont fait don d'une journée de salaire de la récolte 1942 pour financer leur engagement productif, tandis que les dockers ont boycotté les opérations des navires destinés à transporter des marchandises pour les puissances de l'Axe (Allemagne, Italie et Japon) et ont travaillé sans limite de temps ni de journées pour ceux qui transportaient des cargaisons destinées aux nations qui luttaient contre le fascisme.
Un accord d'une grande importance a été l'abandon du droit de grève afin de soutenir la lutte contre le fascisme et de résoudre les conflits du travail par la négociation, sans interrompre les efforts productifs. Cependant, les employeurs ont parfois tenté de tirer parti de cette décision de solidarité, obligeant à recourir à la grève à certains moments.
Une autre contribution importante de la CTC et de l'Association nationale d'aide à l'URSS a été l'instauration du 1^(er) novembre 1941 comme journée des salaires, afin de collecter des fonds pour le front antifasciste.
La pression populaire fut telle qu'en 1942, Cuba est devenu le premier pays d'Amérique latine à établir des relations diplomatiques et commerciales avec l'Union soviétique.
Gustavo Aldereguía, alors trésorier du Front antifasciste, raconte qu'un jour, un navire soviétique a accosté dans le port de La Havane et qu'on a demandé au capitaine ce dont le front avait besoin. Le résultat, note Aldereguía, fut que « le lendemain, La Havane manquait de lait condensé, nous manquions de savon et d'une grande quantité de cuir pour les bottes des soldats qui luttaient pour maintenir la liberté dans le monde ». Le navire soviétique a reçu dans ses cales plus de 40 000 pesos de marchandises offertes par notre peuple... ».
Aldo Vivó
Ce ne sont là que quelques exemples d'un internationalisme qui a embrassé un grand nombre de personnes par le biais d'activités d'information, de cours de premiers secours, de l'organisation de femmes au sein du service de défense civile féminine, entre autres initiatives.
80 ans après la victoire sur le fascisme lors de la Grande Guerre patriotique, les actions internationalistes du peuple cubain au sein du régime bourgeois constituent un bel antécédent des excellentes relations entre Cuba et la patrie de Lénine, qui a fêté cette année son 65e anniversaire. (Trabajadores) (Photos: Trabajadores et tirées de l'Internet)