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Cuba, Juan Almeida Bosque, Révolution

Almeida


La Havane, 11 septembre - À l’époque, ce yacht assailli par les vagues et bondé d'hommes était encore aussi anonyme que le jeune mulâtre mince qui, allongé à plat ventre à la poupe, passa la tête par-dessus bord pour lire le nom de l’embarcation qui les ramenait à Cuba: Granma.

Bien des choses s'étaient passées depuis les jours qui avaient suivi le coup d'État de Batista en 1952, lorsque l'ouvrier, issu d’une famille nombreuse et humble, avec son ami Armando Mestre, avait trouvé dans le discours de Fidel le chemin de l'honneur dont la Patrie avait besoin.

Viendrait ensuite pour Juan Almeida Bosque, l’attaque de la caserne Moncada – et son refus catégorique de tout repentir –, la prison et l'exil au Mexique, jusqu'à cette mer houleuse, sur laquelle ces hommes avaient navigué avec le serment d'être libres ou martyrs.

Dans son livre Desembarco (Débarquement), publié des années plus tard, il se souviendrait avec une beauté singulière de ce qu'il avait ressenti lorsque, dans les dernières heures du voyage, il avait été désigné comme capitaine et chef de peloton:

« Nous sommes près des côtes cubaines, le temps semble ne pas avancer. Je pense à la nouvelle responsabilité qui m'a été confiée de diriger et de veiller, mais sans les surprotéger, sur ces hommes que je dirigerai et dont je m'occuperai directement, et en général de les guider tous vers la victoire. Il faut être dur, corriger les défauts et reconnaître les vertus. Être ami et chef, soldat et capitaine, respecter et être respecté. Ne pas demander ce que l’on ne serait pas capable de faire soi-même. Exiger ce qui, pour moi aussi, est un sacrifice. Faire des évaluations justes, être équitable et agir avec justice. Tout cela implique un plus grand dévouement. Il faut être le premier à se lever et le dernier à se coucher. Je remplirai mes obligations avec honnêteté et sacrifice.

« Je suis ému, comme si ma poitrine était serrée. J'ai besoin d'air, d'air. Je sors sur le pont et j’aspire à pleins poumons cet air marin qui me rafraîchit et qui m'apaise, lorsqu'il me frappe au visage. Quel grand honneur j'ai reçu ! ».

Avec la ferveur de celui qui prête serment, Almeida a répondu à l'honneur par l'honneur, depuis ce « Ici, personne ne se rend... », issu de l'essence même de notre identité cubaine, jusqu'à devenir commandant du Troisième Front, en passant par les responsabilités et les fonctions politiques qu'il occupa après 1959.

Le Commandant de la Révolution était un artiste, capable de fixer dans sa mémoire, dans des moments aussi tendus que la dispersion des combattants après le combat d’Alegria de Pio, les détails les plus touchants : « Sur le petit monticule où nous nous trouvons, les lucioles se posent, laissant voir leurs lumières vertes. »

De cette sensibilité naîtront des centaines de chansons, comme La Lupe, copiée sur une feuille de cahier d’écolier et emportée dans la poche d'un guérillero, à la merci de l'eau, et des témoignages vibrants, écrits dans une prose sobre qui, par sa simplicité, déborde de poésie : avec Contra el agua y el viento (Contre l’eau et le vent), il obtiendra le prix de la Casa de las Américas en 1985.

Quinze ans après sa mort, sa vie, pleine de sens, nous impose de le redécouvrir. Comme l'a écrit Fidel : « Il a défendu des principes de justice qui seront défendus à tout moment et à toute époque, tant que les êtres humains respireront sur terre. Ne disons pas qu'Almeida est mort, il vit aujourd'hui plus que jamais ! » (Texte et photo: Granma)


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