Argentine, 22 septembre - L’image positive du président argentin, Javier Milei, a chuté à son niveau le plus bas, atteignant 39 %, selon un sondage du Centre d’Études d’Opinion Publique (CEOP) publié aujourd’hui.
Le sondage a également révélé que 53,8 % des Argentins considèrent la gestion du gouvernement comme « très mauvaise », et que si l’on additionne les avis « mauvais » et « moyens », le taux de désapprobation du public vis-à-vis de son gouvernement dépasse 60 %.
Après qu’un sondage de Latam Pulse ait montré une augmentation notable de la désapprobation en septembre, le CEOP a confirmé la chute de l’image positive de Milei dans le contexte d’une crise économique et des scandales de corruption qui touchent son gouvernement.
Pire encore, seulement 14,1 % des personnes interrogées par le CEOP ont qualifié la performance de Milei de « très bonne », soit une baisse de sept points par rapport au mois précédent. Et seulement 27,5 % pensent que le pays se remettra au cours des prochains mois, marquant un effondrement de 20 points en moins de 60 jours.
« Actuellement, l’économie est au cœur des préoccupations. Pas moins de 56 % estiment qu’il faut changer la direction de l’économie. Et cela concerne surtout les personnes des catégories de revenus les plus faibles, justement celles qui ont voté pour Milei lors du second tour », a averti le directeur du CEOP, Roberto Bacman, dans une déclaration au journal Página 12.
« Le sondage montre que 60 % des avis sont négatifs, mais 54 % de ce groupe qualifient la gestion de Milei de ‘très mauvaise’. D’autre part, parmi les 39 % qui ont une opinion favorable, à peine 7 % estiment que c’est ‘très bien’. Cela commence à avoir un impact fort sur le noyau dur du président », a-t-il souligné.
Ces données émergent après une semaine désastreuse pour le président, au cours de laquelle le Congrès a annulé trois veto à des lois essentielles concernant la santé pédiatrique, le fonctionnement des universités publiques et la répartition automatique et équitable des fonds qui leur reviennent des Apports du Trésor National.
De plus, les législateurs ont activé des commissions pour enquêter sur la méga-arnaque provoquée par la fausse cryptomonnaie $Libra, promue par Milei, et dans laquelle sont impliqués le chef de l’État, sa sœur Karina Milei et d’autres entrepreneurs proches de la Casa Rosada.
Les parlementaires ont également décidé de poursuivre l’enquête sur le scandale de corruption gouvernementale concernant les présumés paiements de pots-de-vin au sein de la présidence en échange de factures de médicaments pour personnes handicapées.
À cela s’ajoutent deux manifestations de grande ampleur ; la première, mercredi, en rejet de ses politiques d’austérité, s’est tenue sur la Plaza de los Dos Congresos et dans les avenues environnantes du palais législatif, mobilisant près d’un million de personnes.
La seconde a eu lieu samedi soir en soutien à l’ancienne présidente Cristina Fernández, devant sa maison, en protestation contre la condamnation qu’elle purgée de six années d’assignation à résidence et de proscription politique à vie.
Au milieu de tout cela, les actifs argentins se sont effondrés, la dévaluation du peso s’est approfondie et le gouvernement a dû vendre en deux jours plus d’un milliard de dollars — dont une grande partie est sortie du pays — pour contrôler un taux monétaire instable.
La principale préoccupation des personnes interrogées reste « la perception de salaires et de revenus faibles ». Le pourcentage de personnes qui rapportent qu’elles n’arrivent pas à joindre les deux bouts ou qui peinent à y parvenir a augmenté, passant de 29 % à 55 % au cours de l’année écoulée. De plus, 38,4 % des interrogés affirment ressentir de la « colère » et 26,6 %, de l’incertitude.
Le sentiment d’ « espoir » (21 %) ne subsiste que dans le segment des partisans de Milei. « La question se résume au fond économique des choses. Tout semble indiquer que la plupart des Argentins croit que ce modèle est épuisé », a conclu Bacman. (Texte et Photo: Cubasí)