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Pérou, archéologie, marsouin

Découverte d’une marsouin éteint datant de 12 millions d’années au Pérou


Pérou, 25 septembre - Au milieu du désert aride et silencieux d’Ocucaje, sur la côte centrale du Pérou, une équipe de paléontologues a mis au jour une découverte digne d’un roman d’aventures : un squelette fossile d’un ancêtre des marsouins modernes, parfaitement conservé, âgé de 8 à 12 millions d’années.

Loin de la mer, qui se trouve aujourd’hui à des dizaines de kilomètres, cette créature marine émerge des poussières et des roches d’une région qui, il y a des millions d’années, était un océan riche en biodiversité. Cette découverte éclaire non seulement les espèces marines ayant peuplé l’Amérique du Sud pendant le Miocène, mais elle offre également des indices précieux pour comprendre l’évolution de la côte pacifique dans cette partie du monde.

Un désert qui était un océan

La paradoxe est frappant : un animal marin découvert en plein désert. Mais la géologie a sa propre logique. Pendant plus de 45 millions d’années, ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de désert d’Ocucaje était submergé sous les eaux de l’ancien océan Pacifique. Au cours de cette période, s’est formée ce que les scientifiques appellent la formation Pisco, véritable capsule temporelle qui a préservé avec un incroyable détail les squelettes de baleines, de requins, de phoques, de pingouins et, à présent, d’un dauphin ancestral.

Le squelette, mesurant environ 3,5 mètres de long, a été identifié comme appartenant à un parent éteint des marsouins actuels. Sa morphologie, avec un corps hydrodynamique et une structure osseuse robuste, suggère qu’il s’agissait d’un nageur efficace, adapté à une mer alors tempérée et riche en vie. Contrairement aux dauphins modernes, cet spécimen présente des caractéristiques le situant à un stade évolutif de transition, lorsque les cétacés conservaient encore certains traits primitifs.

Une fenêtre sur le passé

Les scientifiques impliqués dans la découverte n’ont pas caché leur enthousiasme. Et ce, pour de bonnes raisons. L’état de conservation du fossile est exceptionnel : le crâne, la colonne vertébrale et une grande partie des nageoires sont intacts, ce qui permettra non seulement d’étudier son anatomie, mais aussi sa biomécanique et ses habitudes alimentaires.

Cela ouvre la porte à des questions fascinantes : comment se déplaçait-il dans l’eau ? Que pouvait-il manger ? Vivait-il en groupes, comme les dauphins modernes, ou était-il un chasseur solitaire ? Quel rôle jouait-il dans son écosystème ? L’analyse de sa dentition et de la structure de son oreille interne pourrait fournir des réponses à ces énigmes dans les mois à venir.

La découverte a été présentée cette semaine à l’Institut Géologique, Minier et Métallurgique du Pérou (INGEMMET), à Lima. Comme l’a rapporté l’agence Reuters, le fossile a été déterré en juillet, à environ 350 kilomètres au sud de la capitale, et fait partie d’une collection documentant la riche histoire marine du pays andin. Selon le paléontologue Mario Urbina, l’un des responsables de l’excavation, la côte péruvienne agissait comme une sorte de “grand hôtel” pour la vie marine. Les montagnes parallèles à la côte créaient un environnement protégé, sans fortes courants, idéal pour la reproduction de multiples espèces.

La région d’Ocucaje est aujourd’hui un désert inhospitalier, mais il y a des millions d’années, c’était une zone côtière riche en nutriments, capable de soutenir une chaîne trophique complexe. Les couches géologiques du site le prouvent : s’y trouvent, parfaitement conservés, des squelettes de baleines naines, de requins, de crocodiles marins et d’oiseaux géants.

Une région qui continue de surprendre

Ce n’est pas un cas isolé. En avril 2024, des chercheurs péruviens ont annoncé la découverte du crâne fossilisé du plus grand dauphin d’eau douce connu à ce jour, qui habitait ce qui est aujourd’hui l’Amazonie. Également dans la région d’Ocucaje, en 2023, des restes d’un requin préhistorique apparenté au grand requin blanc ont été trouvés.

Tout cela confirme que le Pérou — et en particulier la région sud de sa côte — est une véritable mine d’or pour la paléontologie. Son potentiel est tel que les autorités scientifiques du pays envisagent de créer un parcours paléontologique pour promouvoir le tourisme scientifique et éducatif. L’idée est de transformer le désert en un musée naturel à ciel ouvert, où chaque roche pourrait receler un fragment de l’histoire de la vie.

Réécriture de l’histoire marine du Pacifique

Ce fossile découvert à Ocucaje représente bien plus qu’une curiosité scientifique. C’est une preuve tangible que l’histoire de l’océan Pacifique est plus ancienne, plus riche et plus complexe que ce que nous avions imaginé. Il révèle un monde marin disparu, dont les protagonistes, bien qu’éteints, ont laissé des traces aussi claires qu’ils avaient nagé hier.

De plus, il permet de reconstruire comment étaient les écosystèmes du Miocène, une époque marquée par des transformations climatiques et géologiques majeures. Comprendre comment vivaient ces animaux, comment ils interagissaient entre eux et avec leur environnement, pourrait offrir des indices précieux pour appréhender les changements auxquels la vie marine fait face aujourd’hui face à des phénomènes tels que le réchauffement climatique, l’acidification des océans ou la perte des habitats. (Texte et Photo: Cubasí)


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