Washington, 12 août.- Le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé ce dimanche son intention d’expulser «immédiatement» toute la population sans-abri de la capitale du pays, Washington D.C., en amont de la conférence de presse qu’il tiendra ce lundi, au cours de laquelle il dévoilera un plan visant à réduire la criminalité dans la ville, plan qui pourrait inclure la déclaration d’un contrôle fédéral sur celle-ci.
«Je vais rendre notre capitale plus belle et plus sûre que jamais. Les sans-abri devront partir immédiatement», a indiqué le chef de l’État dans un message publié sur sa plateforme Truth Social.
«Nous leur indiquerons où aller, mais ils seront loin de la capitale», a ajouté le président, avant de s’adresser aux délinquants. «Vous n’aurez pas à aller nulle part, car vous finirez en prison, là où vous méritez d’être», a-t-il précisé.
Le président a affirmé que tout ce processus se déroulerait « très rapidement, comme à la frontière». «Fini le bon garçon. Nous voulons récupérer notre capitale», a-t-il averti.
Mercredi dernier, un agent du Département de l’Efficacité Gouvernementale (DOGE) a été blessé lors d’une tentative présumée de vol de sa voiture, ce qui a conduit Trump à réitérer son avertissement concernant une possible déclaration de «contrôle fédéral» de la ville, bien qu’il ait également proposé auparavant d’autres mesures similaires, notamment la prise de contrôle de la police ou le déploiement de la Garde nationale.
L’ONG locale Community Partnership estime qu’en 2024, 3 960 «adultes non accompagnés» ont été recensés vivant dans des refuges, des «logements de transition» ou en plein air (ces derniers, 888, étant les plus vulnérables selon l’ordre de Trump).
Il convient de rappeler que Trump ne possède pas seul l’autorité de fédéraliser la ville. Il faut une loi du Congrès pour révoquer la Loi d’Autonomie de 1973, qui conférait aux résidents le pouvoir de choisir les conseillers et le maire, qui approuvent et appliquent leur législation locale. Le Congrès, où les républicains contrôlent actuellement les deux chambres, a néanmoins la capacité de modifier ou bloquer les lois de la ville, comme il l’a fait en 2023 en annulant un projet de loi contre la criminalité qui aurait supprimé la majorité des peines minimales obligatoires.
La Loi d’Autonomie donne cependant à Trump la faculté d’assumer les compétences en matière de sécurité, à condition de déclarer l’état d’urgence nécessitant l’intervention de la Police métropolitaine à des fins fédérales. Toutefois, cette mesure pourrait faire l’objet d’un recours devant les tribunaux.
Il faut aussi noter que Trump a ordonné en juin le déploiement de milliers de membres de la Garde nationale en Californie pour «soutenir» le Service de l’immigration et des douanes (ICE) face aux protestations à Los Angeles contre les raids migratoires.
Trump a répété à plusieurs reprises sa menace de dépouiller le district de son autonomie, ce qui permettrait à la capitale fédérale de conserver un gouvernement limité.
Depuis ce vendredi 8 août, la présence fédérale dans la capitale Washington a été renforcée. Il est prévu que cette augmentation du déploiement policier fédéral dure au moins sept jours. Trump a ordonné d’accroître la présence policière, qui pourrait bientôt inclure la Garde nationale.
La maire de Washington, la démocrate Muriel Bowser, a exprimé ses inquiétudes face à la proposition de Trump de déployer la Garde nationale, affirmant que «ce ne sont pas des agents de l’ordre public» et que leur déploiement ne constitue pas une «utilisation efficace» des ressources fédérales. Elle a également mis en garde contre le risque que la Garde nationale fasse sentir les communautés locales comme étant harcelées ou attaquées.
Par ailleurs, Bowser a rejeté les affirmations de Trump selon lesquelles Washington connaît une augmentation massive de la criminalité violente, soulignant que les taux de criminalité ont atteint leur niveau le plus bas depuis 30 ans en 2024. Les chiffres indiquent une amélioration significative par rapport à 2023, année où la ville a enregistré une hausse de 35 % des homicides. Le taux de homicides a diminué de 31 % en 2024 et de 12 % par rapport à la même période de l’année précédente.
Selon les chiffres mis à jour par le Bureau du recensement, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté aux États-Unis dépasse les 40 millions, parmi lesquelles des centaines de milliers vivent dans la rue. (Texte et photo: Cubadebate)