Camagüey, 14 octobre - Dans le paysage diversifié et complexe de l’agriculture cubaine, où les défis de la durabilité et de la productivité se mêlent, une initiative innovante a vu le jour : ProLAIF Agroverde. Ce projet n’implique pas seulement l’introduction de ressources externes, il représente un modèle de collaboration intégrale entre chercheurs, le secteur agricole d’État et des producteurs coopératifs, dans le but d’établir les bases d’une agriculture économiquement viable.
Financé par l’Agence Française de Développement et soutenu par l’Union Européenne, ProLAIF Agroverde est dirigé en Cuba par le Ministère de l’Agriculture. De plus, des institutions comme le Centre de Recherche pour l’Amélioration de l’Élevage Tropical, ainsi que les instituts de Recherche Forestière et des Pâturages et Fourrages, mènent son exécution.
Dans une interview exclusive pour Cadena Agramonte, le Dr Redimio Manuel Pedraza Olivera, professeur titulaire à la Faculté des Sciences Agroalimentaires de l’Université de Camagüey et l’un des chercheurs du projet, a souligné l’importance de l’apport académique et scientifique de l’université. Cette coopération permet non seulement d’élargir le champ d’action territorial, mais aussi d’avoir une portée globale.
Une des initiatives les plus remarquables au sein de ProLAIF est la création d’un « projet miroir ». Alors qu’un design international est en cours de développement, un Programme Territorial de Sciences et Techniques, financé à l’échelle nationale, est également établi, qui complète et soutient le travail original, facilitant ainsi l’aide et la reconnaissance pour les professeurs et les étudiants impliqués.
La science en action
ProLAIF, dont le nom provient du Fonds de l’Union Européenne pour l’Amérique Latine, sert de plateforme robuste pour la recherche appliquée. Il est présent dans dix fermes pour réaliser des études approfondies sur diverses disciplines liées à l’élevage, s’étendant à près de cinquante exploitations avec un système embryonnaire d’extension dans quatre municipalités de la province : Camagüey, Guáimaro, Jimaguayú et Sibanicú.
Les lignes de recherche sont variées et abordent des problèmes spécifiques. Parmi celles-ci, le Dr Pedraza Olivera a mentionné une étude sur la robustesse animale, explorant pourquoi certains animaux prospèrent mieux que d’autres dans des conditions identiques. Une autre étude examine la gestion inefficace des déchets d’engrais, qui entraîne un gaspillage d’azote et affecte négativement les cultures. De plus, divers aspects économiques, écologiques et sociaux sont évalués à travers des analyses prospectives.
Des chercheurs, tels que ceux de GEOCUBA, utilisent également des images satellites pour prédire l’infestation du marabou et son impact sur la disponibilité alimentaire, ainsi que pour étudier comment des arbres intégrés à l’élevage peuvent améliorer le microclimat et réduire le stress thermique du bétail.
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Résultats concrets sur le terrain
Bien que le Dr Pedraza reconnaisse que les résultats ne sont pas instantanés, des avancées tangibles ont déjà été réalisées, telles que la formation de producteurs et la réalisation d’études psychosociales révélant les perceptions des agriculteurs sur des problèmes cruciaux et leurs besoins de développement.
D’un point de vue technique, une équation pour estimer le poids du bétail en utilisant des mesures corporelles simples est en cours de développement, ce qui permettra aux agriculteurs de prendre des décisions éclairées concernant l’alimentation et la reproduction sans engendrer de coûts supplémentaires.
Cependant, le projet fait face à des défis significatifs, étant donné que plus de 80 % du bétail est entre les mains de nouveaux acteurs économiques manquant de l’expérience nécessaire en matière d’élevage. Dans ce contexte, les locataires coopératifs s’avèrent plus adaptables et durables, utilisant moins de ressources externes.
La durabilité de ProLAIF Agroverde, au-delà du financement international, est un autre aspect qui préoccupe ses promoteurs, qui doivent naviguer dans un environnement caractérisé par des problèmes structurels tels que la criminalité, les retards de paiements et les disparités de prix.
Un laboratoire vivant pour l’avenir
ProLAIF Agroverde se présente comme un laboratoire vivant à Camagüey, créant un modèle reproductible qui maximise les avantages de la coopération internationale et allie l’excellence scientifique aux connaissances locales. Comme l’affirme le Dr Pedraza, cet effort défie des forces puissantes grâce à l’ingéniosité et à la collaboration, en s’appuyant sur une science intimement liée à la terre.
Le chemin est long et semé d’embûches, mais chaque avancée représente un pas ferme vers un avenir plus durable et prometteur pour l’élevage cubain et, par conséquent, pour la sécurité alimentaire de la région. (María Félix García Posada et Ernesto Rivero Nápoles/Étudiants en journalisme/Radio Cadena Agramonte) (Photos des auteurs, de l’interviewé et tirées d’Internet)