
Quito, 17 novembre.- L’Équateur a rejeté les quatre questions du référendum et de la consultation populaire proposées par le président Daniel Noboa, y compris la présence de bases militaires étrangères et la constituante, des résultats qui continuent d’être surprenants aujourd’hui.
Avec plus de 90% des bulletins dépouillés, le Conseil national électoral (CNE) a confirmé que le Non l’emporte sur toutes les questions avec une tendance marquée.
Les sondages ne prévoyait pas ce scénario, pas plus que le président, qui la semaine précédente avait accueilli Kristi Noem, la secrétaire à la Sécurité nationale des États-Unis, pour visiter des sites stratégiques sur la côte équatorienne.
L’ancien président Rafael Correa (2007-2017) a célébré le résultat comme une validation historique du texte constitutionnel en vigueur.
«La Constitution de Montecristi a été ratifiée après 17 ans de validité […] Pour la première fois dans l’histoire de l’Équateur, une constitution a été votée majoritairement par les citoyens deux fois. Cela marque une étape historique», a affirmé l’ex-mandataire.
La communicante et sociologue Irene León, membre du Réseau d’intellectuels et d’artistes en défense de l’humanité, a souligné que le peuple équatorien souhaite continuer «avec l’une des meilleures constitutions du monde, avec souveraineté et sans bases militaires étrangères».
Dans le même esprit, la présidente de la Révolution citoyenne et ex-candidate présidentielle, Luisa González, a déclaré que «la Patrie a gagné!» et a souligné que cette victoire «n’appartient pas aux partis politiques», mais aux Équatoriens «qui ont vaincu la haine qui divise un peuple frère».
En plus de s’opposer à la présence de troupes étrangères et à une nouvelle Constitution, les citoyens ont rejeté l’élimination du financement public des partis et la réduction du nombre de législateurs, des questions qui semblaient favorables compte tenu du mécontentement populaire envers la classe politique.
La Confédération des nationalités indigènes de l’Équateur (Conaie) a convenu qu’il s’agit d’un triomphe social qui «appartient au peuple mobilisé, aux communautés, aux jeunes, aux femmes» et a rappelé que des expressions de résistance, comme le récent mouvement de grève nationale, ont révélé les tentatives d’imposer une agenda contraire aux intérêts du peuple.
L’organisation a exigé au gouvernement de «freiner l’autoritarisme, la violence et le populisme», tout en avertissant que la dignité populaire est une limite infranchissable.
Au sein de l’Unité populaire, Natasha Rojas a interprété le résultat comme un appel à l’attention directement adressé au président.
«L’Équateur a dit Non à l’autoritarisme, Non à la présomption. […] Il était clair que l’objectif de la consultation était de supprimer des droits, d’éliminer la souveraineté et d’ouvrir la voie à la privatisation et à la violation des droits de la nature», a déclaré Rojas dans des propos rapportés par Prensa Latina.
Le président de l’Union nationale des éducateurs, Andrés Quishpe, a soutenu que le processus consultatif était également «un plébiscite de la politique de Daniel Noboa».
Selon le leader syndical, si le gouvernement insiste sur des réformes qui portent atteinte aux droits, «il provoquera les peuples de l’Équateur», rappelant que la campagne officielle s’est déroulée «sous la démagogie, la peur et le gaspillage de ressources étatiques».
Pour l’experte en communication politique Caroline Ávila, «les gens ont voté Non parce qu’ils n’ont pas confiance, n’ont pas compris cette administration et ne voient pas de résultats», considérant qu’il s’agissait d’un vote «émotionnel, mais profondément rationnel».
La participation au vote de ce 16 novembre a dépassé les 80% et a entraîné un revers pour l’exécutif.
Noboa, qui a suivi les résultats depuis sa résidence à Olón et ne s’est pas présenté en public comme prévu, a reconnu sa défaite et a assuré, via son compte sur X, qu’il respecterait la volonté populaire.
Pendant ce temps, dans les rues de Quito et d’autres localités, des dizaines de personnes ont célébré les résultats avec de la musique et des cris de «Noboa, dehors!» (Texte et photo: PL)