L'histoire de Cuba offre autant d’exemples (d’aujourd'hui, de demain et de toujours) que nous le souhaitons, dans lesquels les générations actuelles et futures pourront se ressourcer afin de ne jamais plier le genou.
Citons Hatuey, inflexible dans les flammes du bûcher ; un adolescent nommé José Marti, plus dur que les mauvais traitements de la prison dans les carrières ; Carlos Manuel de Céspedes, affirmant qu'Oscar, son fils vilement assassiné, n'était pas son fils unique car tous les Cubains morts pour la liberté l’étaient ; Maximo Gomez, faisant de même devant l’ignominie avec laquelle son Panchito adoré fut assassiné ; Julio Antonio Mella, devenu encore plus grand alors que son cœur s’arrêtait ; Abel Santamaria, qui regarda vers l'avenir avec plus de vision et de dignité que ceux qui lui arrachaient les yeux pour qu'il trahisse...
Le 24 février marque également un point de référence pour chaque jour du calendrier.
Année 1895 : Si les hommes réellement forts (Marti, Gomez, Maceo...) avaient été ébranlés par la désunion qui mit fin à la Guerre de dix ans, ou par le coup que signifia la confiscation par les États-Unis de trois navires chargés d'armes et de fournitures pour relancer la Guerre nécessaire contre la métropole espagnole à Cuba, l'histoire aurait été honteuse.
Mais Marti avait déjà fondé un Parti révolutionnaire cubain (précisément pour unir, de même que son journal Patria) et, dans une démonstration de discrétion et d'intelligence, il envoya l'ordre du soulèvement dans l'Île.
L'Espagne dut rester stupéfaite. Ce ne fut pas seulement Baire. Le Cri (avec une majuscule) secoua bien des régions, surtout à l'est de Cuba, mais aussi à Matanzas et à Las Villas. Qui aurait osé dire que tout était perdu ?
Des semaines plus tard, comme le font les grands, Marti et Gomez débarquaient à Playita de Cajobabo, dans la nuit noire, à la rame. Celui qui convoque doit être à l’avant-garde. Une très belle leçon pour tous ceux qui dirigent... du moins à Cuba.
Il est clair que ce 24 février s'applique parfaitement à nous aujourd'hui. Non pas pour nous dresser les uns contre les autres (à cause de toutes les calamités que la haine viscérale de la politique étasunienne déverse sur nous, sans ignorer ce que nous n'avons pas fait correctement), mais contre tout ce qui, subtilement ou ouvertement, cherche à nous diviser, à nous fractionner, à nous affaiblir, à nous monter les uns contre les autres comme si nous n'étions pas tous frères, une seule famille, sous le même toit et dans le même jardin.
Pour se venger du « Cri de Baire », Valeriano Weyler mit en place une brutale reconcentration humaine, dans des camps qui pourraient bien être l'embryon de ceux conçus plus tard par Hitler. Maladies, famine, souffrance extrême, mort... rien de tout cela ne put briser le Cubain, bien au contraire. Merci l'Histoire, bon sang !
Ce serait superficiel et impardonnable de sous-estimer la situation très complexe que nous traversons aujourd'hui, au milieu de la « reconcentration » (isolement, asphyxie) que l'empire continue de tenter de nous imposer.
Ma question est de savoir si nous allons nous rendre, si nous allons les laisser nous mettre à genou à cause du manque de carburant, de l'obsolescence technologique ou de l'insuffisance des capacités de production, des coupures d'électricité qui en résultent, des pénuries alimentaires comme jamais auparavant, des prix qui ne respectent pas les salaires honnêtes et de tant d'autres adversités, y compris de l’attitude de ceux qui veulent bénéficier de tout sans apporter leur contribution.
Ce n'est ni raisonnable, ni logique, ni sain, ni juste par rapport à notre propre Histoire, ni celle de ce précieux 24 février, date choisie bien des années plus tard (1976) pour proclamer la Constitution de la République de Cuba et pour approuver, d’un bout à l’autre du pays, en 2019, la Constitution qui veille sur nous aujourd'hui. (Texte et photo: Granma)