logo Imagen no disponible

Radio Cadena Agramonte emisiora de Camagüey

Blocus, Cuba, Économie, États-Unis, Internet, Médias, Politique, Société

Guerre cognitive contre Cuba


En plus de tous les blocages économiques et politiques, l’impérialisme déploie contre Cuba la guerre cognitive la plus longue, systématique et sophistiquée de son inventaire de domination sémiotique dans notre époque. Elle ne se limite pas seulement à un territoire ou à un gouvernement, mais vise une possibilité historique de la pensée humaine. Cuba n’est pas seulement un pays ; c’est une séduction émancipatrice, une architecture symbolique qui résume l’expérience de la dignité organisée. Attaquer Cuba, c’est attaquer l’hypothèse de la liberté consciente. C’est pourquoi l’ennemi déploie contre elle tout son arsenal de distorsion cognitive, de manipulation perceptive et de colonisation émotionnelle.

I. Sémiotique d’une agression prolongée

Toute guerre est une lutte pour le sens. Mais dans la guerre cognitive, le sens lui-même devient une arme. On attaque la capacité d’une société à interpréter sa réalité, à s’aimer à travers son histoire, à se penser à partir de sa propre expérience. Contre Cuba, une machinerie de désémantisation a été conçue, dont l’objectif n’est pas de détruire physiquement, mais de vider sémantiquement les signes de la Révolution, de faire en sorte que « souveraineté » signifie isolement, que « socialisme » signifie retard, que « révolution » signifie dictature. La sémiotique impérialiste consiste précisément à imposer le dictionnaire de la domination comme s’il s’agissait d’un langage universel.

Depuis plus de six décennies, Cuba est un laboratoire et un miroir, le laboratoire où s’expérimentent de nouvelles technologies de persuasion impériale, et le miroir où le monde observe, selon sa conscience, la dignité ou la rébellion d’un peuple qui a décidé de se penser sans maîtres. L’agression cognitive ne se limite pas aux gros titres de la presse ou aux scénarios d’Hollywood ; elle infiltre les matrices de perception, les algorithmes de l’émotion, les structures du désir.

II. Armes cognitives, du ragot à la neuro-sémiotique de la haine

Leurs armes cognitives sont « invisibles » mais létales. Elles ne tirent pas de balles, mais des métaphores empoisonnées. Elles n’occupent pas des territoires, mais des cerveaux. L’intelligence impériale fonctionne selon un principe que la sémiotique critique doit dévoiler : maîtriser, c’est contrôler l’interprétation. C’est pourquoi on fabrique des microclimats sémiotiques — des scénarios où les mots sont chargés de passions induites —, et on remplace les catégories d’analyse par des stimuli émotionnels préfabriqués.

Leurs réseaux sociaux impériaux sont devenus les nouveaux champs de bataille, des algorithmes d’intelligence artificielle surveillent les réactions, segmentent les populations et adaptent les messages selon les points de fracture psychologique de chaque groupe. Voilà la neuro-sémiotique de la haine : une machinerie qui cherche à déclencher des émotions dissolvantes, désactiver la mémoire historique, induire la frustration et faire porter au socialisme la responsabilité des effets du blocus. La stratégie n’est pas de débattre les idées, mais de saturer la conscience d’affects toxiques jusqu’à l’annulation de la capacité critique. Cuba subit une agression où les fake news sont des balles symboliques et chaque silence médiatique, une bombe de vide. C’est ainsi que fonctionne l’ingénierie du dénigrement : il ne s’agit pas de réfuter la Révolution, mais de intoxiquer la perception au point que le concept de Révolution perde son pouvoir d’appel. Et alors, on la qualifie de « dictature ».

III. Ontologie du blocage cognitif

Son blocage économique, politique et financier a ses équivalents dans le blocage cognitif. Il s’agit d’empêcher le monde de voir Cuba comme une possibilité, de la couper du discours planétaire par un mur de préjugés. Le blocage cognitif produit une réalité inversée : l’agresseur apparaît comme défenseur de la liberté, et la victime comme répressive. C’est le terrorisme sémantique du langage colonial. Notre philosophie de la sémiotique propose que chaque acte d’interprétation est une bataille pour l’être. Ce qui est bloqué à Cuba, ce n’est pas seulement l’entrée de marchandises, mais la circulation de significations émancipatrices. L’impérialisme doit empêcher que des expressions comme « éducation gratuite », « médecin internationaliste » ou « solidarité » deviennent désirables pour les peuples. C’est pourquoi il promeut un système mondial d’intoxication sémiotique où la pauvreté spirituelle se déguise en progrès.

IV. Ingénierie de la perception, le mythe de la « société fermée »

Une des opérations les plus fines de l’attaque cognitive est le mythe de la « société fermée ». On construit une narration qui peint Cuba comme un enclave figée dans le temps, dépourvue de libertés, sans créativité, sans joie. C’est la vieille rhétorique coloniale, mais avec une esthétique à la Netflix et une grammaire d’influenceur bourgeois. La critique est délibérément confondue avec la calomnie, l’analyse avec le sarcasme. Son objectif est d’induire une culpabilité ontologique : que le peuple cubain ait honte de sa révolution, qu’elle paraisse vieille, que la jeunesse l’intègre comme un « retard » alors qu’en réalité, c’est une cohérence éthique et un avenir plein. Ainsi, on cherche à vider de sens le héroïsme quotidien, les files d’attente partagées, l’invention collective face à la pénurie. L’ennemi veut que chaque carence matérielle se traduise par une démoralisation symbolique. En une défaite morale.

V. Résistances cognitives, sémiotique de la dignité

Mais il existe une autre guerre —silencieuse, profonde, créatrice— que Cuba mène avec brio : la guerre pour le sens émancipé. Chaque éducateur, chaque médecin internationaliste, chaque musicien ou enseignant, sont des guérilleros de la sémiotique. En eux, le signe ne se vend ni ne se soumet, il se partage. La culture révolutionnaire cubaine a démontré que le signe libéré du fétiche marchand peut être une source éthique de beauté et de conscience. Cuba résiste non seulement avec des vaccins, mais aussi avec des symboles. Dans son cinéma, sa poésie, son éducation et sa communication, bat une épistémologie de la dignité. Dans la parole et la présence indélébile de Fidel, de Raúl, du Che et de Camilo. Il s’agit d’une praxis sémiotique nouvelle, qui ne cherche pas à « concurrencer » sur le marché symbolique, mais à dé-mercantiliser la production de sens. Sur une planète où le divertissement est devenu une anesthésie globale, Cuba insiste sur la mémoire, la parole critique, l’art comme mode de vérité.

VI. Philosophie de l’attaque, la peur de la conscience

Pourquoi tant de haine contre un petit pays plein de dignité qui soigne les malades et apprend à lire ? Parce que l’impérialisme craint davantage une idée qu’une armée, il redoute la conscience. La guerre cognitive contre Cuba s’explique non pas par la géopolitique, mais par la sémiotique de la peur. Cuba montre qu’il est possible d’avoir une société où les moyens, les modes et les relations de production de sens ne sont pas la propriété privée, où la culture est un bien commun, où l’intelligence collective triomphe du profit. Cette démonstration, même imparfaite et assiégée, est insupportable pour l’ordre bourgeois mondial. Le capitalisme a besoin que l’humanité croie qu’il n’y a pas d’alternative. Cuba montre le contraire. C’est pourquoi il faut la détruire, non physiquement — ce serait trop évident — mais symboliquement, de façon à ce que le mythe du « socialisme dépassé » s’impose comme une vérité psychologique. La guerre cognitive est la forme contemporaine du terrorisme épistémologique.

VII. Vers une contre-offensive sémiotique

Répondre à cette guerre demande plus que de la communication : cela nécessite une philosophie de la sémiotique révolutionnaire. Il faut créer une intelligence de la conscience, des systèmes scientifiques pour détecter, analyser et défaire les opérations cognitives de l’ennemi. Il ne s’agit pas de propagande, mais d’épistémologie militante. Cuba peut aussi être en avant-garde dans ce domaine si elle transforme son héritage culturel en un laboratoire mondial de communication émancipatrice. Chaque école, chaque radio communautaire, chaque réseau de pensée peut devenir un nœud dans la toile de la sémiotique libératrice. La défense de la pensée est la défense de la vie. Il faut alfabetiser cognitivement les peuples, leur apprendre à lire les signes de l’ennemi, à repérer les pièges de l’émotion induite, à désarmer les métaphores du pouvoir. La sémiotique de la Révolution doit devenir une méthode quotidienne : penser de manière critique chaque image, chaque mot, chaque geste.

VIII. Conclusion, le signe émancipé et émancipateur comme tranchée

Cette guerre cognitive contre Cuba est l’expression la plus avancée du colonialisme symbolique, mais aussi le lieu où se forge la nouvelle science de l’émancipation communicationnelle. Face aux arsenaux de la tromperie, Cuba répond par la lucidité de son peuple, par le pouvoir de sa culture, par l’éthique de sa mémoire. Cuba n’est pas seulement une victime, c’est une maîtresse. Elle enseigne que la dignité, lorsqu’elle devient méthode de pensée, désarme les empires. Elle enseigne que le signe, lorsqu’il se libère du fétiche capitaliste, peut être une tranchée et un horizon. Elle enseigne que la conscience, lorsqu’elle s’organise, est invincible. À l’ère de l’intelligence artificielle et de la manipulation de masse, la Révolution cubaine demeure l’événement sémiotique le plus audacieux du XXe siècle, qui pulse encore au XXIe, une révolution du sens, un acte de souveraineté cognitive. La défendre, c’est défendre la possibilité même de penser librement. Car la guerre cognitive contre Cuba est, au fond, une guerre contre l’humanité pensante. La lui résister — avec science, art et conscience — est la plus haute forme d’amour pour la vérité.

Pour tout cela, l’opération visant à briser la force symbolique de Fidel Castro combine la technique froide du sabotage avec l’architecture émotionnelle de la diffamation : il ne suffit pas de conspirer pour éliminer physiquement le leader, il faut aussi corroder son aura, transformer sa présence publique en une fable d’échec et de ridicule. Depuis des plans dissimulés décrits dans des documents officiels jusqu’à des campagnes radiophoniques et des tracts conçus pour semer la méfiance, la stratégie a toujours été double : désautoriser la parole de Fidel et, simultanément, réécrire la mémoire collective qui la légitimait.

Tous les dossiers déclassifiés montrent que la CIA et ses réseaux affiliés ont expérimenté aussi bien l’élimination physique que la dégradation symbolique — depuis l’assaut médiatique jusqu’à des propositions grotesques destinées à humilier (les fameux « cigares », la manipulation de son image, le sabotage de discours) — car ils savaient que l’empreinte morale de Castro dépassait toute cible militaire : lui porter atteinte publiquement, c’était attaquer le centre narratif de la Révolution. La violence sémiotique était donc une prolongation instrumentale de l’agression politique. À ce répertoire se sont ajoutés des acteurs extérieurs et locaux qui ont alimenté une guerre totale de rumeurs, de fausses attribution et d’opérations médiatiques — depuis des militants anti-castristes jusqu’à des groupes de la diaspora agissant comme multiplicateurs. La désinformation s’est nourrie d’une logique précise : transformer l’exception éthique du projet cubain en anecdote scandaleuse, traduire la solidarité internationale en fraude, faire croire que le leadership moral de Fidel n’est qu’un cynisme et une simulation.

Philosophiquement, l’attaque contre Fidel révèle le désespoir du pouvoir hégémonique face à la possibilité d’un ethos alternatif : il ne s’agit pas seulement de vaincre un homme, mais de neutraliser une façon de parler, d’agir et d’appeler à l’espoir collectif. C’est pourquoi la contre-offensive émancipatrice doit prendre en compte la dimension symbolique du combat, récupérer la narration, réinstaller la mémoire critique, désactiver la bombe sémantique du discrédit et reconvertir la parole en praxis. C’est ainsi qu’on désarme l’opération qui voulait faire de Fidel un avertissement, plutôt qu’un exemple d’insurrection morale : « empêcher qu’il devienne un dieu ».

Cette guerre sémiotique contre le socialisme est le laboratoire où le capitalisme forge sa grammaire de la peur. Il s’agit d’une offensive totale sur le langage et l’imagination : l’ennemi ne combat pas une doctrine économique, mais une sensibilité. On manipule le signe « socialisme » jusqu’à le saturer de connotations négatives : échec, répression, misère. C’est une guerre où les concepts sont remplacés par des réflexes conditionnés, où le mot « collectif » est associé à la perte de liberté et où « marché » devient synonyme de vie. Le capitalisme, maître dans la fabrication de fétiches, a besoin que le socialisme soit perçu comme une pathologie de l’histoire, une déviation contre-nature de l’individu moderne. Ainsi s’installe la sémiotique de la peur de nous-mêmes, l’anesthésie de classe qui empêche d’envisager toute communion solidaire hors du consumérisme.

Mais la sémiotique socialiste, bien qu’assaillie, conserve une puissance latente que l’impérialisme redoute : sa capacité à traduire la justice en beauté, la coopération en connaissance, l’équité en horizon symbolique. Voilà pourquoi l’ennemi ne cesse d’attaquer son langage, en infiltrant du sarcasme dans l’éducation, en banalisant son histoire, en caricaturant ses réussites. Il veut les faire vieillir à tout prix. C’est une tentative d’extirper l’âme même de l’idée d’émancipation. Pourtant, là où le mot « socialisme » parvient à se libérer des calomnies et à redevenir une graine d’espoir, se produit un miracle épistémologique : la conscience se dégage du fétiche, le signe redevient un instrument de vérité, et la lutte des classes se transforme en lutte pour la signification du monde.

C’est pourquoi la dialectique de l’autocritique doit être une réponse scientifique face à la pétrification du signe révolutionnaire dans la guerre symbolique. Aucun projet émancipateur ne peut maintenir sa puissance s’il n’examine pas, avec rigueur et courage, les formes par lesquelles il produit et transmet ses propres significations. Dans un contexte où l’ennemi domine la sémiotique globale — les émotions, les récits, les algorithmes —, le danger n’est pas seulement d’être vaincu par la tromperie, mais de la répéter sans s’en rendre compte : le syndrome de Stockholm sémiotique. L’autocritique est la forme la plus haute d’intelligence collective, la conscience que même les causes justes peuvent se tétaniser sous les décombres de leur propre rhétorique si elles ne renouvellent pas leurs modes d’expression et de ressenti. Dans la guerre du sens, l’erreur ne se paie pas seulement en confusion, mais en désaffection. La révolution qui ne s’analyse pas elle-même, qui ne cherche pas ses erreurs communicationnelles, devient son propre ennemi symbolique.

Il est extrêmement urgent, pour nous tous, de réorienter la bataille sémiotique vers l’émancipation. De la main de Cuba. L’autocritique n’est pas l’autodestruction, mais la garantie que la vérité des fins ne soit pas trahie par les moyens. C’est un exercice d’hygiène sémiotique, une pédagogie de la lucidité, une pratique qui empêche la conscience de devenir fossilisée dans des slogans vides. Dans la guerre symbolique où l’adversaire transforme chaque faiblesse en spectacle et chaque contradiction en preuve d’échec, l’autocritique est une forme d’offensive : elle révèle la maturité éthique d’un mouvement capable de se penser et de se corriger sans demander la permission à l’ennemi. Seule une sémiotique vivante — capable de s’autoréguler, d’intégrer l’erreur comme apprentissage — peut maintenir l’initiative culturelle. Là où il y a autocritique, il y a révolution pensante; là où elle manque, commence la domestication du symbole et la victoire de l’imposture. Et il n’y a pas une minute à perdre. (Texte: Fernando Buen Abad/TeleSur) (Photo: TeleSur)


Dans cette catégorie

Comentarios


Tu dirección de correo no será publicada *