
Colombie, 12 novembre - Le président de la Colombie, Gustavo Petro, a ordonné “à tous les niveaux du renseignement des forces armées de suspendre l’envoi de communications et d’autres échanges avec les agences de sécurité américaines” jusqu’à ce que Washington mette un terme aux attaques par missiles contre des embarcations en mer des Caraïbes.
Dans un message publié sur son compte officiel sur X, il a expliqué que “la lutte contre les drogues doit être subordonnée aux droits humains du peuple caribéen”.
Cette mesure fait suite à des opérations menées par les États-Unis impliquant des attaques par missiles contre des navires dans la région caribéenne, considérées par Bogotá comme des violations de la souveraineté et du droit international.
La décision de la Colombie intervient après que le Royaume-Uni a également suspendu une partie de l’échange d’informations de renseignement avec les États-Unis concernant les supposées ‘narcolanchas’ naviguant dans les Caraïbes, en considérant que leurs attaques sont illégales et ne souhaitant pas être complices, a révélé mardi la chaîne CNN.
Des sources au fait de la situation ont indiqué que des fonctionnaires britanniques estiment que les attaques cinétiques des États-Unis violent le droit international. C’est pourquoi, depuis plus d’un mois, ils ont gelé le transfert d’informations sur la zone caribéenne, où Londres maintient des bases de renseignement.
D’autre part, l’annonce de Petro s’inscrit dans le cadre d’une crise des relations bilatérales avec le gouvernement de Donald Trump. Lundi, le président a convoqué son ambassadeur aux États-Unis après qu’un magazine ait dévoilé une photo supposée le présentant “comme un prisonnier”.
Agressions de la part des États-Unis
- Depuis août dernier, les États-Unis ont déployé au large des côtes du Venezuela des navires de guerre, un sous-marin, des avions de chasse et des troupes, sous le prétexte de lutter contre le narcotrafic. Depuis lors, plusieurs bombardements ont été menés contre des supposées narcolanchas en mer des Caraïbes et dans l’océan Pacifique, causant la mort de dizaines de personnes.
- Parallèlement, Washington a accusé sans preuves ni fondement le président vénézuélien, Nicolás Maduro, de diriger un prétendu cartel de narcotrafic. Dans ce contexte, la procureure générale des États-Unis, Pam Bondi, a doublé la récompense pour toute information menant à son arrestation.
- À la mi-octobre, Trump a admis avoir autorisé la CIA à mener des opérations clandestines sur le territoire vénézuélien. En réponse, Maduro a demandé : “Peut-on vraiment croire que la CIA n’opère pas au Venezuela depuis 60 ans ? Peut-on vraiment croire que la CIA n’a pas conspiré contre le Commandant [Hugo] Chávez et contre moi depuis 26 ans ?”
- Les actions et pressions de Washington ont été qualifiées par Caracas d’agression, remettant en question la véritable raison de ces opérations.
- Cette position a également été exprimée par le représentant permanent de la Russie auprès des Nations Unies, Vasili Nebenzia, qui a affirmé lors d’une réunion du Conseil de sécurité que les actions américaines dans les Caraïbes ne sont pas des exercices militaires ordinaires, mais une “campagne éhontée de pression politique, militaire et psychologique contre le gouvernement d’un État indépendant”.
- Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, Volker Türk, a condamné les bombardements menés par les États-Unis sur de petites embarcations, qui ont causé la mort de plus de 60 personnes.
- Les bombardements contre des embarcations de faible tirant d’eau ont également été dénoncés par les gouvernements de la Colombie, du Mexique et du Brésil, ainsi que par des experts des Nations Unies, qui ont signalé qu’il s’agissait d’“exécutions sommaires” contraires au droit international. (Texte et photo: Cubadebate)