
La Havane, 22 décembre - Pour entreprendre tout projet transformateur, il faut une grande dose d’optimisme, de confiance en soi et en l’avenir, un esprit permanent de victoire et foi en soi-même et en ceux qui vous entourent. Il est également nécessaire d’ajouter une touche d’optimisme chevaleresque, celle de lutter contre des impossibles avec la certitude de triompher. Tout cela se multiplie lorsqu’il s’agit de faire des révolutions.
C’était cet optimisme qui habitait Carlos Manuel de Céspedes, vaincu à Yara alors que la lutte pour l’indépendance venait à peine de commencer, lorsqu’il affirma, avec seulement 12 hommes, qu’ils suffisaient pour obtenir l’indépendance de Cuba. C’était aussi celui de grands hommes comme Ignacio Agramonte, Calixto García, Máximo Gómez et Antonio Maceo, pour qui le mot défaite n’existait pas. José Martí, sans hésitation, a pris sur lui la responsabilité d’entraîner un peuple dans une guerre juste et sanglante, affrontant le plus grand armée coloniale jamais sur le sol américain.
Cela démontre que les révolutionnaires sont par nature optimistes et rêveurs, sinon ils ne sont pas révolutionnaires. Pour eux, il n’y a pas d’obstacles insurmontables, la pensée est toujours contagieusement positive, avec un constant regard tourné vers la victoire. Les défis sont des stimulants ; il n’y a ni mur qui puisse les arrêter, ni géant qu’ils redoutent. Ce fut, tout au long de sa vie, une prémisse du leader historique de la Révolution cubaine, Fidel Castro Ruz, et l’une de ses plus grandes vertus.
De l’expérience négative des attaques des casernes Moncada et Carlos Manuel de Céspedes, le 26 juillet 1953, est né un projet de Révolution plus solide. La prison est devenue une école de transformation féconde, et l’exil qui a suivi, une opportunité précieuse pour organiser, discipliner et préparer les jeunes qui le soutiendraient dans l’aventure du Granma pour défier une puissante armée entraînée, équipée et conseillée par des militaires américains.
Après le débarquement, le revers d’Alegría de Pío survint. Caché sous des roseaux après la bataille, accompagné de Faustino Pérez et d’Universo Sánchez, entouré par les forces de l’armée de la dictature, Fidel murmurait à ses camarades, qui l’écoutaient, abasourdis et incrédules, comment serait la guerre et quelles seraient les étapes à suivre pour réaliser le programme du Moncada.
Quelques jours plus tard, il retrouva son frère Raúl à Cinco Palmas et, avec un optimisme à la Céspedes, il déclara le 18 décembre 1956, au milieu d’une joie contagieuse :
— Combien de fusils as-tu ? — demanda Fidel à Raúl.
— Cinq.
— Et deux que j’ai, ça fait sept ! Maintenant, nous allons gagner la guerre !
Vingt-quatre mois plus tard, la prophétie se réalisait. Pour cela, il dut affronter et vaincre l’offensive de plus de 10 000 hommes de la tyrannie soutenus par l’aviation, les blindés, l’artillerie et la marine, contre à peine une centaine de guerrilleros qui l’accompagnaient. Pour Fidel, il était clair que ce qui avait le plus de valeur, ce sont les idées de ceux qui portent les armes, et les cent ont vaincu les 10 000.
Après le triomphe de la Révolution commençait l’épopée la plus complexe et difficile ; l’œuvre transformante qui donnerait une indépendance totale à une nation se débarrassant de la tutelle néocoloniale de l’impérialisme yankee. Dans cette nouvelle bataille, des mots comme optimisme, confiance, foi, joie, sécurité, allégresse, espoir, solidarité, force, enthousiasme, avenir, futur, victoire étaient présents en permanence dans le discours et la prédication révolutionnaires de Fidel.
Dans le langage des leaders de la Révolution, le mot défaite n’existait pas, et s’il était mentionné, c’était pour en faire un stimulant de travail et davantage de Révolution. Face à chaque difficulté, une réponse créative et mobilisatrice, en comptant toujours sur le peuple comme principal acteur de l’œuvre gigantesque de la Révolution.
Le 23 août 1960, lors de son discours à l’occasion de la fusion des organisations féminines révolutionnaires — où est née notre Fédération des Femmes Cubaines —, Fidel, insufflant de l’optimisme, déclarait : « …Il a été rare de respirer ici un air d’aussi grand optimisme, d’aussi grande joie, d’aussi grand esprit combatif… ».
Un an plus tard, le 8 décembre 1961, lors de la remise de diplômes à 800 enseignants du Secondaire, il affirmait : « …Un grand enthousiasme règne aujourd’hui dans ce théâtre, un enthousiasme qui a sa raison d’être, pour vous tous et pour nous tous, dans la satisfaction et l’optimisme qui suscite l’œuvre de la Révolution et la récolte des premiers fruits de la Révolution… ».
Cette injection d’optimisme fut une constante dans le discours politique de Fidel face à chaque adversité. Aux accusations d’exécutions arbitraires des représentants de l’ancien régime et de ses organes répressifs, il a riposté avec la “Opération Vérité” et une révolution communicationnelle ; face à la guerre imposée par l’impérialisme avec l’insertion de bandes contr-révolutionnaires, invasions et menaces d’invasion, Fidel a donné les armes au peuple, lancé une mobilisation populaire, constitué les Comités de Défense de la Révolution, avec la conviction indéfectible de victoire, celle qui avait marqué les jours de Girón et de la Crise d’Octobre.
Son optimisme allait de pair avec la foi et la confiance dans le peuple. Lors de la célébration du 12e anniversaire de l’assaut à la caserne Moncada, tenue à Santa Clara le 26 juillet 1965, il affirmait que « …la conscience révolutionnaire de notre peuple, son extraordinaire générosité, sa magnifique condition humaine, son enthousiasme, son optimisme, son caractère, qui est le fondement de sa force, cela ne pourra être détruit par rien ni personne ».
Ne pas atteindre l’objectif de dix millions de tonnes de sucre lors de la récolte de 1970 est devenu un stimulant pour continuer à travailler, sous le slogan de transformer le revers en victoire. Face aux défis de la guerre biologique, une révolution scientifique. Après la défaite militaire angola-soviétique à Cuito Cuanavale, l’envoi de plus de 50 000 soldats en Angola pour obtenir une victoire militaire dissuasive, et face aux menaces d’invasion américaine, l’instauration de la doctrine de la guerre de tout le peuple, dissuasive également.
Ni l’effondrement du bloc socialiste n’a altéré l’esprit entrepreneurial, solidaire et optimiste de Fidel. La période spéciale a vu naître des développements dans la biotechnologie, les parlements ouvriers, la Bataille des Idées, la Révolution Énergétique et, par-dessus tout, la certitude et la confiance en la victoire et la justesse de la Révolution.
Vinrent ensuite l’ALBA comme réponse à l’ALCA, le soutien aux programmes sociaux au Venezuela, et l’une des plus belles et altruistes actions humanitaires de la Révolution : l’armée des blouses blanches qui, sous la conduite de la brigade Henry Reeve, sauve des vies dans tous les coins du monde. Pour Fidel, défenseur des causes les plus nobles, un monde meilleur est possible, et il l’a exprimé dans les forums internationaux auxquels il a participé.
Comme il en était convaincu, un révolutionnaire ne se retire jamais, et après sa maladie et le transfert de ses charges et responsabilités publiques à un autre optimiste radical, le Général de l’Armée Raúl Castro Ruz, il continua à diffuser de l’optimisme à travers ses Réflexions et dans les plans de développement des usines protéiques visant à améliorer l’alimentation des pauvres de ce monde.
Peut-être, sans le vouloir, le plus grand héritage de Fidel dans sa vie exemplaire fut son héritage d’optimisme, les pieds sur terre, pour transformer la planète en un monde plus juste et solidaire. Contaminons-nous de son optimisme et rêvons, comme des Quichottes fidélistes, de surmonter les obstacles les plus complexes, de transformer le présent et de léguer aux générations futures une vie pleine et solidaire. (Texte et photo: René González / Juventud Rebelde)