
États-Unis, 4 septembre - Beaucoup a été écrit dans la presse ces dernières semaines au sujet de la comète 3I/ATLAS et de la prétendue incertitude quant à sa nature.
Le suivi effectué avec divers instruments en fait l’objet interstellaire le mieux observé à ce jour. Et malgré les nombreuses spéculations, tant les images que les spectres de réflexion indiquent clairement sa nature de comète. Il ne s’agit en aucun cas d’un objet extravagant et inconnu pour la science.
Dans un nouveau travail dirigé par la professeure Bin Yang de l’Université Diego Portales au Chili, publié sur ArXiv, des instruments de pointe des télescopes Gemini-S/GMOS et NASA IRTF/SpeX ont été utilisés. Les 5 et 14 juillet 2025, des spectres de l’objet ont été obtenus après sa découverte, tant dans la bande visible que dans l’infrarouge proche.
Ces observations ont été réalisées peu après sa détection, évitant ainsi que l’activité de la comète liée à la sublimation des glaces n’obscurcisse d’autres aspects de sa nature. Sans place pour le doute, les deux spectres confirment que l’objet interstellaire est une comète.
Dans la plage optique, 3I/ATLAS montre une pente rougeâtre qui le rapproche de certains astéroïdes de notre système solaire de classe spectrale D. Il s’agit d’astéroïdes très sombres (faible albédo), avec un spectre très rouge et une composition riche en carbone. Ils sont rares et présentent peu de réflectivité.
Le spectre dans la fenêtre infrarouge proche de 3I/ATLAS s’aplanit significativement, à un taux d’environ 0,9 à 1,5 microns, semblable au comportement spectral de gros grains de glace d’eau dans la coma des comètes.
Les auteurs de l’étude, parmi lesquels la prestigieuse astrobiologiste Karen J. Meech, ont modélisé le comportement spectral de la comète 3I/ATLAS. Ils ont utilisé un mélange de poussière composé à 70 % de la météorite (chondrite carbonée) de Tagish Lake et à 30 % de glace d’eau d’une taille moyenne de 10 microns. En effet, cette fraction de glace pourrait être interprétée comme une estimation approximative de la composition de la coma.
En général, tous les études et observations effectuées jusqu’à présent indiquent qu’il s’agit d’une comète interstellaire active contenant une abondante glace d’eau, avec une composition de poussière plus proche de celle des astéroïdes de type D que de celle des objets transneptuniens.
Cela pourrait s’accorder avec l’idée qu’elle s’est formée dans une région intérieure d’un système planétaire, étant expulsée par un tir de gravité lors de sa rencontre avec une planète. Quoi qu’il en soit, les scénarios restent ouverts, car il faudra attendre les observations réalisées par diverses sondes spatiales concernant cet intrus, la mission Psyche de la NASA étant la mieux positionnée.
Il a également été spéculé que 3I/ATLAS ne présente pas une coma étendue comme d’autres comètes, mais cette idée est fausse. En effet, étant un objet d’un diamètre de quelques kilomètres, nous ne l’aurions pas découvert sans cette enveloppe que nous appelons coma, qui le rend visible à des milliards de kilomètres.
La coma possède une composition représentative du matériau sublimé, mais peut-être pas de l’intérieur même de l’objet. La composante gazeuse de la coma est dominée par le dioxyde de carbone, produisant une enveloppe d’environ 350 000 km autour du noyau de la comète.
Les observations infrarouges montrent que la composante solide de la coma, éjectée par la pression exercée par le gaz sublimé, est dominée par de petites particules de glace d’eau et de poussière, qui ressemblent à une catégorie de météorites associées aux chondrites carbonées, provenant d’un type d’objets qualifiés de transitionnels : à mi-chemin entre un astéroïde et une comète.
Ainsi, 3I/ATLAS n’est pas un objet étrange, si ce n’est qu’il s’agit d’un matériau qui nous est familier, bien qu’il se soit nécessairement formé dans un lointain système planétaire. (Texte et photo: Cubasí)