
La Havane, 22 décembre - Cuba célèbre ce dimanche le 105e anniversaire de la naissance de l’une de ses artistes les plus reconnues au niveau mondial : Alicia Alonso, en l’honneur de qui a été instituée, à cette date, la Journée Ibero-Américaine de la Danse.
Cette commémoration met en lumière l’héritage et l’influence de la prima ballerina assoluta, et en sa mémoire, le Ballet National de Cuba (BNC) interprétera ce dimanche le classique Don Quichotte, avec les premiers danseurs Anette Delgado et Dani Hernández dans les rôles principaux.
Alicia a consacré sa vie à la danse, d’abord en se formant comme une ballerine respectée, puis en développant un style propre, et enfin en pérennisant le ballet au sein de la culture cubaine, en tant que partie intégrante et indissociable de celle-ci.
Avec ses frères Fernando et Alberto Alonso – respectivement un pédagogue extraordinaire et un chorégraphe –, elle a fondé la première compagnie professionnelle de ballet à Cuba, il y a 77 ans, à une époque où cet art était à peine compris dans les sociétés latines.
Malgré les contradictions sociales, politiques et de santé qu’elle a subies, la détermination et le courage de cette femme l’ont poussée à renforcer son rang en tant que ballerine.
Alonso a soutenu la révolution sociale à Cuba qui a débuté en 1959, s’élevant au-dessus des préjugés et des idéologies bourgeoises pour apporter son art au peuple, aux usines, dans les champs, dans une forêt, un vallon, n’importe quelle rue.
Dans le monde de la danse, elle a acquis une renommée pour ses tours prodigieux et sa manière unique de maîtriser la technique, devenant ainsi une protagoniste de légendes.
Certains parlent encore de “la cinquième Alonso” pour désigner une position spécifique des pieds, tandis que les vieux passionnés de ballet chérissent les souvenirs des fois où ils l’ont vue se transformer en Giselle et en Carmen.
Jusqu’à sa mort, le 17 octobre 2019, l’artiste est restée active en tant que professeur, chorégraphe et directrice du BNC et du Festival International de Ballet de La Havane, événement auquel participent les danseurs les plus renommés du monde.
Peu de gens savaient qu’elle avait un grand amour pour les animaux, en particulier pour les chiens, ainsi qu’un sens de l’humour extraordinaire qui la poussait à faire des blagues à certains de ses partenaires sur scène.
Dans sa jeunesse, elle peignait des toiles et, dès son enfance, affectionnait la couleur bleue et la littérature universelle.
De plus, elle rejetait toujours l’idée que les humains habitent seuls cet univers et comptait parmi ses souhaits pouvoir s’asseoir sur le Malecón de La Havane pour profiter d’une brise et d’un spectacle de vagues, car sa célébrité l’empêchait de passer inaperçue.
Depuis 2015, le Grand Théâtre de La Havane a ajouté le nom de cette artiste illustre à sa dénomination.
Les applaudissements et ovations avec lesquels le public cubain accueillait Alonso à son arrivée dans ce lieu, ou dans n’importe quel théâtre du pays, érigent aussi une légende difficile à égaler. (Texte et photo: PL)