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La “science des données” contre les missions médicales cubaines


La Havane, 3 décembre - Depuis quelque temps, des produits visant à donner une apparence de neutralité technique à d’anciennes campagnes politiques apparaissent dans l’écosystème des think tanks et des “observatoires” financés pour parler de Cuba.Le dernier exemple est une recherche de la Fondation 4Métrica intitulée “Analyse computationnelle du discours sur les changements de perception des missions médicales cubaines sur le réseau social X”, présentée comme si elle constituait une preuve indiscutable que l’État cubain manipule l’opinion publique mondiale concernant sa coopération médicale.

Sur le site du laboratoire lui-même, l’étude est présentée ainsi : “si vous voulez savoir comment nous avons démasqué l’opération de guérillas numériques orchestrée par le régime cubain, nous vous invitons à lire cette recherche”. Ce langage ne semble pas être celui d’un centre neutre qui aborde les données sans préjugés, mais plutôt celui d’une organisation qui a déjà décidé du verdict et cherche maintenant la méthode la plus spectaculaire pour le justifier.

De 1.644 tweets à “l’opinion publique mondiale”

Le cœur du travail repose sur un ensemble de 1.644 messages sur X (anciennement Twitter), en espagnol, supposément recueillis entre 2015 et 2025 avec une seule recherche : “missions médicales” OU “missions médicales cubaines”.

Ces messages sont divisés en deux blocs : 481 tweets avant 2020 et 1.163 après. Cela équivaut à 13,7 messages par mois sur une durée de dix ans. Sur cette base minimale, la “recherche” prétend mesurer l’“opinion publique” sur les missions et, plus encore, démontrer un “changement” dans la perception internationale provoqué par une opération numérique de Cuba.

Le problème est évident.

D’abord, X n’est pas “l’opinion publique mondiale”, mais une plateforme avec des biais très prononcés de classe, de langue, de géographie et d’idéologie.

Ensuite, réduire la conversation mondiale sur la coopération médicale cubaine à 1.644 messages en espagnol sur une période de dix ans est simplement ridicule lorsqu’on compare cela à l’ampleur réelle du phénomène : des dizaines de milliers de professionnels, des dizaines de pays, une couverture médiatique traditionnelle, des déclarations de gouvernements, des parlements, des organisations internationales, des campagnes pour le prix Nobel pour la brigade Henry Reeve, etc.

Troisièmement, la recherche elle-même est si étroite qu’elle exclut dès le départ une grande partie de la conversation : “médecins cubains”, “brigades médicales”, “brigade Henry Reeve”, “docteurs cubains en Italie/Mexique/Brésil”, “coopération médicale cubaine”, et tant d’autres expressions utilisées par les médias, les gouvernements et les citoyens pour parler du même sujet.

Le résultat est un corpus petit, biaisé et peu représentatif qui, néanmoins, se présente comme un thermomètre universel.

Algorithmes hors contexte : la nouvelle excuse “objective”

Pour donner un aspect moderne au récit, l’étude utilise des mots magiques : “analyse de réseaux”, “modèles thématiques”, “IA générative”. Elle cartographie les interactions sur X et, comme il est logique sur n’importe quel réseau social, des noyaux denses apparaissent autour des comptes officiels cubains, des médias de l’île et des réseaux de solidarité. Cela est immédiatement qualifié par la “recherche” de “propagande computationnelle” et de “guérillas numériques” au service du “régime”.

Ce qui n’est jamais fait, c’est appliquer les mêmes critères aux autres acteurs du tableau. Dans le propre dépôt de 4Métrica, nous trouvons des rapports annuels sur Cuba, des documents d’orientation, des documents provenant du soi-disant “Observatoire des Droits Sociaux” et d’autres plateformes alignées avec l’agenda du “changement de régime”.

Autrement dit : il existe une constellation d’organisations, d’ONGs et de médias qui travaillent systématiquement contre l’État cubain, souvent financés par des agences fédérales américaines, avec une coordination politique et une présence bien articulée sur les réseaux sociaux. Mais cela n’apparaît jamais dans l’analyse comme une éventuelle “propagande computationnelle”.

La double mesure est évidente : lorsque l’État cubain communique, c’est de la manipulation ; lorsque des gouvernements occidentaux, des fondations privées ou des groupes financés par le gouvernement américain le font, c’est de la “société civile”. Lorsque des milliers de personnes partagent des contenus favorables à Cuba, ce sont des “troupes numériques” ; lorsqu’il s’agit de campagnes contre le pays, ce sont des “activistes pour la liberté”.

Plus grave encore : le modèle d’intelligence artificielle utilisé pour classer les tweets comme “favorables”, “neutres” ou “critiques” est une boîte noire. Il n’est pas précisé quel système est utilisé, comment il a été formé, quelle précision il a, ni une seule métrique de validation n’est fournie. Pourtant, ces chiffres sont moyennés et transformés en graphiques qui supposément montrent un avant “critique” et un après “positif” en matière de perception.

Cela n’est pas de la science, c’est du marketing avec des graphiques.

L’éléphant dans la pièce : la pandémie et la reconnaissance internationale

Si l’on examine le monde réel – et non seulement un coin de X – le changement de ton dans de nombreuses narrations sur les missions médicales cubaines a une explication beaucoup plus simple qu’une conspiration numérique : la pandémie de COVID-19.

En 2020, alors que certains gouvernements se disputaient des masques dans les aéroports et d’autres rivalisaient pour obtenir des brevets de vaccins, des brigades médicales cubaines arrivaient en Lombardie, au Piémont, en Andorre et dans d’autres territoires frappés par le virus. En Italie, pays central dans l’imaginaire européen, les images des médecins et des infirmières de la brigade Henry Reeve ont été accueillies avec gratitude par les autorités locales et la population, générant une vague de sympathie qui est encore aujourd’hui au souvenir des gens.

Ce ne fut pas un épisode isolé. Depuis sa création en 2005, le contingent Henry Reeve a répondu à des urgences et des catastrophes dans plus de vingt pays, a soigné des millions de personnes et a reçu en 2017 le Prix de Santé Publique Dr. Lee Jong-wook de l’Organisation Mondiale de la Santé et de l’OPS, précisément pour son travail solidaire lors d’épidémies et de catastrophes. Différentes organisations, mouvements et personnalités ont soutenu ces dernières années la candidature du contingent au Prix Nobel de la Paix.

Est-il vraiment nécessaire d’une grande “propagande computationnelle” pour expliquer que, dans ce contexte, le nombre de messages positifs sur la coopération médicale cubaine a augmenté ? Ou est-ce plutôt que ce qui dérange certains observatoires, c’est que la pratique concrète de solidarité, en pleine pandémie mondiale, contredise la caricature de Cuba en tant qu’“État esclavagiste” qu’ils tentent d’imposer ?

Ce que l’étude de 4Métrica fait, c’est exactement cela : poser comme “réalité documentée” la narration selon laquelle les missions constituent une “esclavage moderne”, prenant pour principales sources presque exclusivement des organisations hostiles comme Prisoners Defenders (appendice de l’UNPACU, financé par des agences fédérales américaines) et certains rapports politisés ; tout en ignorant systématiquement les voix des gouvernements récepteurs, des organisations internationales de santé et des mouvements sociaux qui reconnaissent le caractère solidaire et volontaire de cette coopération.

De l’“opinion publique” au laboratoire de guerre psychologique

Il existe un aspect politique de fond qui ne peut être ignoré. 4Métrica n’est pas un acteur isolé. Dans sa propre présentation, il se définit comme un label éditorial “en défense de la liberté et de la démocratie en Amérique Latine” et héberge des produits tels que Rapport Cuba 2022, Rapport Cuba 2023 ou des documents rédigés avec des organisations de Floride qui travaillent ouvertement pour un changement de régime dans l’île.

C’est-à-dire que nous sommes face à un autre nœud d’un réseau de think tanks, d’observatoires et de plateformes qui se répartissent les tâches : certains produisent des “rapports” sur les droits humains, d’autres des “sondages” sur l’économie informelle, d’autres encore des “analyses computationnelles” sur les réseaux sociaux. Tous partagent la même prémisse : Cuba est une “dictature”, ses politiques sociales sont une “façade”, ses médecins sont des “esclaves” et toute narration qui ne découle pas de cela doit être démasquée comme de la propagande.

Dans cette logique, l’“opinion publique” n’est pas quelque chose à comprendre dans sa complexité, mais un champ de bataille à dominer. Si la réalité, les chiffres de l’assistance sanitaire ou le remerciement concret des peuples et des gouvernements ne correspondent pas au script, on a recours à des statistiques biaisées, à des algorithmes hors contexte et à des mots ronflants comme “guérillas numériques” ou “opérations d’influence” pour délégitimer tout récit différent.

Derrière se cache toujours la même chose : la désinformation et la manipulation comme arme de guerre. (Texte et photo: Cubadebate)


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